Programme : 1)présentation du sujet 2)ambitions
Programme :
1)présentation du sujet
2)ambitions et réformes de structures de la Libération: la France à gauche de l'Europe
3)moderniser et équiper un pays détruit
4)orienter vers le progrès l'activité de la France
5)les ouvriers: l'apogée de la génération singulière
6)les révoltes des perdants:les violences paysannes et les crises de 1953, un sursaut anti-moderniste?
7)les jeunes et la culture de masse
8)femmes au travail et mutations de la sphère privée
9)les années béton et l'Etat bâtisseur
10)mai-juin 68:une crise sociale qui devient politique?
11)1968 :une révolte contre la société de consommation?
12)autour de la nouvelle société :comment gérer le changement après la crise
13)les ruptures du milieu des années 70 ;bilan des évolutions
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HISTOIRE SOCIALE DE LA FRANCE DE LA GUERRE A LA CRISE (1940-1973) : LES VOIES DE LA MODERNISATION
La France de 1944/1945 : ruinée , moins de population « la marée , en se retirant , découvre soudain d'un bout à l'autre le corps bouleversé de la France » De Gaulle
A peine 40.5 millions d'habitants en 1946 !
Il y a aussi un vide institutionnel du pays, il n'y a plus d institution il faut 3 ans pour en avoir de nouveau => la 4ème République en 1947 (avant il y avait un gouvernement provisoire) On ne mange plus que les produits US
La France du milieu des 70's : riche, prospère, peuplée.64 millions d'habitants en 1975 MAIS connaît des ruptures (grande crise économique mondiale, en 1971 c'est la fin du système monétaire international, en octobre 1973 c est la guerre du Kippour=> l OPEP baisse de 25% leur exploitation de pétrole et augmente le prix du baril)
Les conditions économiques changent : en 1971 Pompidou meurt, cela met fin à une certaine façon de diriger la France (le gaullisme)
1975 : 2 lois qui montre l'évolution des murs avec l IVG et la majorité à 18 ans
Les adules actif travaillent beaucoup plus pendant les Trente Glorieuses, il n y a pas de chômage, on fait un appel massif à l'immigration (1975 : 3.5 millions d étrangers portugais espagnols italiens polonais africains asiatiques)
La France perd la moitié de ses paysans pendant cette période
Secteurs porteurs : bâtiment, travaux publics, tertiaire
Les cadres de la modernisation
a) l age d'or des économies développées (USA Europe Japon)
Croissance de 50%, société d'abondance, le système fordiste se généralise dans tous ces pays avec la généralisation de la consommation des biens et services, plein emploi, salaire élevés (cercle vertueux) système de protection sociale
Les pays protègent la main d uvre, l emploi l Etat garantie cela.
b) Y a-t-il un modèle français ?
Gouvernement provisoire 1944 à 1947
4ème république 1947 à 1958
5eme république 1958
L Etat doit moderniser le pays, il met en place des instituions particulières (comité d entreprise, syndicats ) il y a un cadrage politique malgré un système capitaliste « la France est à la gauche de l Europe » Les technocrates modernisant le pays dans un rapport étroit avec l Etat.
c) Crise et refus
Conflits sociaux, grèves ouvrières fortes (1947/48 été 53, 1963 et 1968) donc c est une société de salariés dans laquelle la grève devient légitime.Il n'y a pas de paix sociale .Les paysans manifestent aussi avec le Traité de Rome, ainsi que les petits commerçants (poujadisme)
Conclusion : la société française a eu une conscience forte (écrits des économistes sociologues comme Mendras , les romanciers Perec « les choses » Barthes « mythologies » , le cinéma avec Tati )
Il y a un effet différent selon les générations (adultes, les adolescents des 60's sont nés dans le baby boom) conflit des générations qui n'ont pas les mêmes attentes
C'est une période proche, mais les problèmes sont posés d'une façon différente aujourd hui
AMBITION ET REFORME DE LA LIBERATION « la France à gauche de l'Europe »
Paradoxe de la libération =>les urgences de ce moment, situation matérielle très difficile, guerre jusqu'en 1945, en mai 1945 la situation est difficile
La France en urgence à la guerre, le retour des prisonniers, rescapés surprend ! Cela crée une atmosphère de chagrin, Il y a aussi une obsession de manger (la production industrielle en 1945 est le quart de celle de 1930) L épuration : éliminer, punir ceux qui ont collaboré, elle est sauvage car pas entourée par des tribunaux (10 000 en été 1944) elle n'est pas douce ni clémente, mais ce n'est PAS un bain de sang (on pourrait parler de semi guerre civile)
Malgré ce climat tendu, la libération est un consensus, un rassemblement autour d idéaux
Les principales forces politiques sont :le gaullisme , la résistance , elles sont d'accord pour transformer le pays par la loi , un texte => la programme d action de la résistance (écrit en mars 1944) est appliqué a la libération.
Ces transformations place la France à gauche de l Europe (sécurité sociale, nationalisation, planification, comités d entreprises) c est le seul pays qui fait toutes ces reformes
C est donc la mise en place de l Etat Providence (welfare state) l Etat traditionnel (police) ne est pas suffisant, il doit avoir un rôle social, la démocratie politique n'est pas suffisante, elle doit être sociale (droits sociaux) les citoyens sont pensés comme des travailleurs .Croyance en la dignité absolue du travail qui donne des droits (jusqu'en 1980's)
a) les héritages et le contexte
Héritages : le système bismarckien en 1880's, un système d assurances sociales novateur qui couvrait les risques d accident du travail avec une cotisation du patronnât et des salariés (timide imitation en 1930's en France avec l Alsace et la Lorraine qui héritaient de ce passé allemand)
Le New Deal de Roosevelt : sécurité sociale, lois libérales sur les syndicats, mais il y a un climat anti libéral par la suite
La guerre laisse à penser que l Etat doit être fort, avoir des leviers ; Vichy = autoritaire donc on sent que l objectif 1er est la démocratie sous toutes ses formes.
La Grande Bretagne en guerre a tenu un système de mobilisation économique, de dirigisme économique qui a rendu les syndicats dans son consensus .Les anglais ont été capables de se mobiliser
Le contexte français : le gouvernement provisoire (=>fin 1946) puis la 4ème république (janv. 1947) il y a une parfait continuité dans la volonté des réformes.
Forces politiques : de Gaulle et son entourage, pas d objectifs économique d abord, il veut restaurer la place de la France et l Etat, ne pas diviser le pays pour cela : « la guerre est une révolution d ou sortira une France nouvelle » (août 1940) Il s'appuie sur les partis du Tripartisme : le PC, la SFIO (PS) et le Mouvement Populaire => trouvent un terrain d accord ;
Le PC est le 1er parti de France, poste clé au gouvernement (Thorez ministre d Etat) ils sont partisans d une révolution bolchevique, d une dictature du prolétariat à LONG TERME, mais sont conscients, acceptent et soutiennent le maximum de réformes sociales.
La SFIO est divisée, a une aile gauche d un courant planiste qui l'emporte
Le MRP catholique, engagé dans la résistance, anti capitaliste
Les 2 syndicats sont la CGT et la CFTC, et sont sur la même ligne
En gros tout le monde est d accord !
Le Comité National de la Résistance, présidé par Jean Moulin pendant la guerre, dans son texte il y a des mesures précises qui vont être appliquées
Un climat insurrectionnel : entre le printemps 1944 et l'été 1945, la France a traversé une période ou une insurrection de la résistance était pensée (épuration etc.) formes d affrontements violents
De Gaulle a eu du mal à rétablir la légitimité républicaine
Il y a eu de la nationalisation sauvage (Renault, Berlier) dans des grandes usines pendant la guerre, elles étaient encadrées par les milices .A la libération il y a eu des occupations de résistants.
a) les instruments de la justice sociale
_droits du travail : le héro civil est le mineur de charbon.Réatablissement de la liberté et du pluralisme syndical (octobre 1946) en février 1945 => comité d'entreprise pour 100 puis pour 50 salariés contrôlé par les syndicats , le texte de CE est ambigu , c est un lieu de pouvoir financier.
_ La sécurité sociale : généralisation, s inspire d un système anglais (Beveridge, l Etat lutte contre les 5 fléaux sociaux) systématise un système créé par des ordonnances entre 1944 et 1945 « débarrasser les travailleurs des incertitudes du lendemain » (maladie invalidité vieillesse (attention on ne parle pas encore du chômage))
Double système de cotisation : patronat + salariés qui cogèrent ce systeme.Principe de solidarité, système de répartition, l Etat n assure qu une tutelle, c est une politique de transfert (des plus riches vers les plus pauvres) => c est un système moitié allemand moitié anglais dans son inspiration
Cela fonctionne bien jusqu en 1960's ou il s'élargit, tous les français ne sont pas couverts (seulement les salariés ou les employés, pas les fonctionnaires ni les libéraux)
Conclusion : dans un climat dur mais consensuel, un système naît et dure 40 ans (=> 1980's)
LES BATAILLES DE LA RECONSTRUCTION
ð accord général sur l Etat Providence , ainsi que sur la nécessité de moderniser le pays : classe politique ouvrière avec syndicats qui acceptent de se lancer dans la bataille de la production (benoît Frachon en parle , le discours de Waziers dans le Nord , Thorez s adresse aux mineurs de charbon et leur dit « vous ne produisez pas assez ! » ) cet accord est aussi le fait des technocrates libéraux , cette bataille = énorme effort de travail reposant sur les mineurs , cheminots , métallo (acceptant des semaines de 50 h00) en échange il y a des droits sociaux.
ð les ruptures de la guerre froide / la reconstruction sous l aide US , la reconstruction sous le programme du CNR est en partie rompue avec les relations internationales en 1947 : rupture de la grande alliance entre USA et URSS .les USA mettent en place la doctrine Truman avec l'idée du containment =contenir l expansion du communisme par des moyens économiques et sociaux d où l intervention du plan Marshall annoncé en mars 1947 , les USA proposent des biens et des dollars pour acheter des produits US à tous les Etats européens (la France avec 4 ministres communistes est menacée , les USA prévoient une aide massive gratuite)
Les soviétiques inventent le Kominform pour contrôler via les partis communistes ce qui se passe dans les pays européens, cela vient de la doctrine Djanov, il y a 2 camps et il faut choisir. Les ministres PC sont sommés de quitter les gouvernements au printemps 1947 en Europe .Les consensus de la Résistance éclate avec les grandes grèves de 1947 : il y a une authentique misère, le PC et la CGT utilisent ce mécontentement pour dire que la France est dans l impérialisme US. En 1947, le consensus politique est rompu (tripartisme) mais la volonté de réformes persiste !
1) les nationalisations
La nationalisation = l achat ou la confiscation par l Etat du capital d une entreprise.
Pourquoi ? Elles étaient dans le programme du CNR (« le retour à la Nation des grandes productions monopolisées ») idée de monopole à l époque et que le fruit du travail commun doit appartenir au domaine public, c est écrit dans le préambule de la constitution de 1948 et de 1958.
Elles ont plusieurs principes : le néo colbertisme, faire de l Etat un Etat Patron pour contrôler les instruments de la puissance (SNCF en 1937, Air France en 1933) idée aussi qu il faut rationaliser et moderniser l industrie, enfin les syndicats pensent que dans le public il y aura de meilleures conditions de travail, enfin idée de nationalisation dite « sanction » contre les grands patrons collaborateurs.
3 vagues de nationalisation : 1944 le gouvernement Provisoire nationalise les secteurs dits « urgents » par ordonnance (le charbon du nord pas de calais, les houillères pour les moderniser et produire et pour éliminer les dirigeants ingénieurs les « porions » qui ont été collabo =>tensions, Renault, usine d aviation Gnome Rhône qui devient la Snecma)
Renault est une confiscation, Louis avait été très anti syndical avait fait tourner ses usines pour les allemands, on l emprisonne et fin décembre 1944 on nationalise Renault avec un PDG relativement autonome.
1945/1946 : électricité, banques et compagnies d assurance (l Etat à des fonds) l idée est une modernisation
Nationalisation « de la guerre froide » : la marine marchande, l ORTF moyens de diffusion, nouveau statut à Air France .Les porteurs d actions sont indemnisés, on créé la RATP en 1948.
Bilan : cela c est bien passé car c est souple et pragmatique (selon les cas) elles se sont adaptées a la conjoncture et sont restées populaires .Les actionnaires sont indemnisés, et les salariées du secteur public ont de vraies garanties de salaires, retraites etc. on entre dans une économie mixte.
2) les formes de la modernisation
Pour relever les ruines, soit on reconstruit a l identique (comme en 1920) soit on modernise les appareils collectifs, les implantations etc.
Mais comment faire pour forcer les patrons à produire telle ou telle chose ? => La planification !
Le plan (1947-1952) Jean Monnet l invente, il est chargé de négocier les dollars et les biens US .Il sait qu il faut privilégier certains secteurs. Sa planification est indicative (donc pas obligatoire) et négociée, concertée (patrons, syndicalistes hauts fonctionnaires) surtout sur le charbon, l'électricité le machinisme agricole, l acier, les transports et le ciment.
Les autres secteurs voient leur démarrage plus difficile.
La reconstruction des villes : 2 millions d immeubles endommagés et 460 00 détruits .Bref, il y a 5 millions de français sinistrés qui vivent dans les ruines.
L Etat va payer (loi du 28 octobre 1946) les sinistrés « la république proclame la solidarité devant les dégâts de la guerre » Il y a des urbanistes de l Etat d un nouveau ministère de la reconstruction et de l urbanisme (négociation au cas par cas avec les associations de sinistrés) ex : Le Havre est reconstruit en béton l architecte est Auguste Perret, St Malo où on imite une ville d'ancien régime.
Accroissement donc des fonctions de l Etat, pragmatisme à cette période avec les négociations.
Conclusion : profitant de la conjoncture, des idées anciennes sont mises en uvre : planification nationalisation statut des ouvriers .Il a fallu une guerre pour que ces anciens courants modernisateurs deviennent des réalités.
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